Autoportrait, série N°1, 1979 constitue la première démarche artistique de Gloria Friedmann; six mois plus
tard elle décide de devenir artiste et exposera au Centre Pompidou en 1980. Ces photographies sont à voir
comme autant d’autoportraits dans lesquels l’artiste, nue, se met en scène dans des lieux inoccupés et vides,
interagit avec des objets du quotidien.
Chaque tirage en noir et blanc a été retravaillé à la peinture à l’huile. Les objets, les corps, les murs ont été
rehaussés de couleurs vives créant un univers hautement coloré. Une luminosité teintée d’ocre jaune, douce, égale
et avec laquelle le bleu turquoise ou le rose vif d’autres rehauts contraste vivement. D’autres images ainsi retravaillées
font évidemment songer à des clichés en couleur, quand la peau est rose, le sol jaune, le mur vert.*
C’est en ajoutant de la couleur à ces tirages que l’artiste fabrique son propre décor qui n’est pas sans rappeler
l’esthétique pop art. Dans les images de Gloria Friedmann, non seulement les lieux sont sans qualité et dépourvus
du moindre élément de confort, mais le cadrage et la lumière ne mettent qu’exceptionnellement en évidence
la glorieuse nudité d’un corps qui se livre au regard.*
Chaque image est à voir comme une métamorphose qui tombe dans la couleur. L’artiste met en scène son
propre corps dans une atmosphère intimiste et colorée. En côtoyant des objets du quotidien – un seau en
plastique, un ventilateur, des journaux, un téléviseur –, ce corps devient un élément de la composition photographique
et se transforme en un terrain de jeu aux multiples possibles.
Sur une image, Gloria, nue, de face, quoique partiellement cachée par des rideaux, tient dans sa main droite deux
oeufs à hauteur de son sexe. Son bras et sa main gauche dissimulent son visage, posture habituelle de toute femme
qui redoute, pour une raison ou une autre, qu’on la reconnaisse sur la photo.
Femme, homme, modèle, photographe, vrai, faux, montré, caché : impossible d’arrêter le mouvement tourbillonnant
qui emporte ces images.*
*Extraits du texte de Philippe Dagen
VOIR LA BIOGRAPHIE DE GLORIA FRIEDMANN
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